Baromètre d’image du RN, édition 2024 une étude Verian pour Le Monde et L’Hémicycle

Jamais les Français n’ont été aussi nombreux à adhérer aux idées du Rassemblement national et pour la 1^ère fois en 40 ans, le RN ne représente plus un danger pour la démocratie pour une majorité de Français

Alors que près de la moitié des Français (46%) considère que le RN est devenu plus modéré au cours des dernières années, le niveau d’adhésion à ses idées continue de progresser pour atteindre des niveaux jamais observés en 40 ans.

• 39% des Français affirment être en accord avec « les idées défendues par le RN ». Avec un bond de 6 points par rapport à l’an dernier, c’est le score le plus haut jamais enregistré dans l’histoire du baromètre. L’adhésion à ses idées ne fait pas que rattraper le haut niveau pré élection présidentielle de 2017, il le dépasse désormais (très) largement.
• Par ailleurs, et c’est du jamais vu, une majorité de Français (51%) considère désormais que le RN « ne représente pas un danger pour la démocratie en France ». La progression a été régulière ces 10 dernières années, mais s’est accélérée depuis 2022 (+ 10 points).
• De la même façon, 1 Français sur 2 (50%, +4 points) se dit d’accord avec les constats exprimés par Marine Le Pen, dont 23% qui le sont à la fois s’agissant des constats et des solutions. C’est également le niveau le plus haut jamais mesuré dans le baromètre.
• La normalisation du RN s’observe également à l’aune des attentes des Français s’agissant des relations entre le RN et les autres partis :
• Les Français se montrent ainsi bien plus favorables à des alliances LR / RN : 44% le sont (+ 7 points), contre 37% qui suggèrent de les refuser voir de le combattre et 20% qui ne se prononcent pas. Notons qu’une majorité de sympathisants LR y est favorable (52%).
• Au Parlement également, les Français soutiennent en majorité l’idée qu’en fonction des textes, s’il y a accord sur le fond, il est normal de voter avec le RN plutôt que de rejeter cette option par principe, pour les députés LR à 53% (+5 points) et même pour les députés NFP à 51% (+9 points).
  
  

L’amélioration de l’image de Marine Le Pen s’accélère : la dynamique de rattrapage post campagne électorale de 2017 est derrière elle, l’heure est au dépassement

L’image de Marine Le Pen continue de s’améliorer pour s’établir, sur de très nombreuses dimensions, largement au-dessus des niveaux pré présidentielle 2017, dont l’issue du 2^ème tour avait entamé sa crédibilité. Cette dynamique est particulièrement forte s’agissant de son volontarisme (74%, + 8 points), de sa capacité à prendre des décisions (67%, +11 points) ou à comprendre les problèmes des Français (56%, + 6 points).

Désormais et c’est inédit, moins d’un Français sur deux considère qu’elle est un danger pour la démocratie (47%). Elle fait désormais jeu égal avec Jean-Luc Mélenchon juste devant le président de la République Emmanuel Macron (44%) qui subit l’accumulation de défiance à son égard depuis 2022 de manière très nette (+13 points en 2 ans).

L’image de Jordan Bardella s’améliore de manière très nette pour supplanter celle de Marine Le Pen sur certaines dimensions

Pour la deuxième année consécutive, son image progresse fortement, se rapprochant de Marine Le Pen sur la capacité à prendre des décisions (52%, +14 points) ; à comprendre les problèmes des Français (50%, +17 points) ; à rassembler (47%, +12 points) ; et à proposer de nouvelles idées (41%, +13 points). Ses niveaux perçus de sympathie (45%, +15 points) et d’honnêteté (41%, +13 points) dépassent même désormais ceux de Marine Le Pen.

Pour autant, le RN n’a pas tiré profit de la dissolution de l’Assemblée nationale 

Malgré cette dynamique, le RN ne semble pas avoir réussi à tirer profit de cette séquence politique, bien au contraire. Celle-ci semble avoir mis en lumière :

• Son incapacité à participer à un gouvernement soit le signe de son isolement: la part des Français qui considèrent que le RN a la capacité de participer à un gouvernement cesse de progresser et recule pour la 1^ère fois depuis 2018 (41%, - 2 points) quand celle qui considère qu’il a d’abord vocation à rassembler les votes d’opposition progresse (43%, + 4 points)
• Son incapacité à incarner une opposition claire et lisible au Gouvernement de Michel Barnier: l’équilibre politique issu des élections qui a porté le RN non pas aux commandes, mais l’a placé en position d’arbitre grâce à la menace de la censure, conduit à ce que le RN perde aussi son statut d’opposant principal, le laissant dans un entre deux inconfortable tant que cette menace n’est pas mise à exécution : 39% des Français considèrent ainsi que le NFP est la principale force d’opposition, contre 34% pour le RN (et 27% de sans opinion).

Cette dissolution est en outre venue fragiliser le pouvoir d’attraction du RN auprès des sympathisants LR même si celui-ci reste bien réel :

• Leur adhésion globale aux idées du RN est en effet forte : 59% contre 23% chez les sympathisants de la coalition présidentielle et 12% à gauche ;
• Une majorité d’entre eux (61%) considère que le RN ne représente pas une menace pour la démocratie contre 43% qui le pensent auprès des sympathisants de la coalition présidentielle et 20% à gauche ;
• Enfin, plus des ¾ (78%, +17 points) se disent d’accord avec les constats de Marine Le Pen contre 47% chez les partisans de la coalition présidentielle et 9% des personnes se situant à gauche ;

Pour autant quelques signaux faibles émergent auprès d’eux :

• la part de ceux qui considèrent qu’il ferait moins bien progresse nettement (33% le pensent, +14 points) tout comme celle de ceux qui pensent qu’il n’arrivera pas au pouvoir (35%, +16 points)
• de plus, près de la moitié des sympathisants LR (44%) préfèrent maintenant combattre le RN et/ou refuser a minima des alliances avec lui, soit une hausse de 19 points par rapport à l’an dernier

Une normalisation non aboutie et des faiblesses qui perdurent

Enfin, si 68% des Français pensent désormais que le RN est en capacité d’accéder au pouvoir (+ 3 points, en progression continue) sa capacité à changer les choses continue d’interroger :

• Seulement 1 Français sur 4 (25%) pense que le RN « peut faire de la politique autrement »
• Seulement 1 Français sur 5 (21%) pense que le RN « ferait mieux que le gouvernement actuel pour améliorer la situation en France »

À propos de l'étude

Enquête réalisée du 12 au 20 novembre 2024, auprès d’un échantillon national de 1006 personnes représentatif de l'ensemble de la population âgée de 18 ans et plus, interrogées en face-à-face à leur domicile. Méthode des quotas (sexe, âge, profession de la personne de référence) et stratification par région et catégorie d’agglomération.

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