Verian a réalisé pour Parlons climat une étude sur le regard des Français sur l’agriculture et l’alimentation. Parmi les éléments marquants :
Les agriculteurs et l’agriculture bénéficient toujours d’une bonne image auprès des Français : celle-ci s’est même renforcée par rapport à 2021, possiblement bénéficiant de leur mobilisation sociale. Cette bonne image est présente pour tous les professionnels de l’agriculture, même si les éleveurs de bétails et les céréaliers font un peu moins consensus que les producteurs de fruits, légumes ou miel. Il est également notable que dans la chaine de production alimentaire, les agriculteurs sont deux fois plus populaires que les acteurs de la grande distribution ou de l’industrie agroalimentaire.
Leur mobilisation en janvier et février 2024 a contribué à sensibiliser les Français : 9 Français sur 10 a entendu parler de cette mobilisation et 8 sur 10 l’associent à des revendications des agriculteurs pour leurs revenus. Les trois quarts des Français se posent en soutien de cette mobilisation, et seulement 40% considèrent qu’ils ont été entendus. La mobilisation a néanmoins eu des conséquences plus larges : 7 Français sur 10 considèrent avoir appris des choses sur la vie des agriculteurs et agricultrices, et dans les mêmes proportions, expriment l’envie de consommer autrement en conséquence. Les Français considèrent enfin que de multiples acteurs se saisissent du sujet de l’agriculture aujourd’hui, avec les médias, l’Etat et les représentants du secteur agricole en majorité. Ce classement entre en cohérence avec l’actualité des derniers mois autour de la mobilisation des agriculteurs et des négociations avec le gouvernement.
De nombreux chantiers pour l’avenir de l’agriculture avec une priorité au local et à la défense des agriculteurs…
- En lien avec la meilleure image des petites exploitations que des grandes (92% contre 51%), près de 90% des Français trouvent important de valoriser les circuits courts et la vente directe auprès des producteurs à l’avenir et parmi les scénarios futurs proposés, 50% des Français placent en 1 ou 2e position le redéveloppement des petites exploitations locales. Dans la même veine, le soutien financier des jeunes agriculteurs en création ou reprise d’exploitation, aux petites exploitations et aux producteurs qui vendent localement est bien plus approuvé que pour les grandes exploitations et les producteurs qui se tournent vers les marchés étrangers.
- Les normes qui encadrent la production agricole sont contestées par un tiers des Français qui les jugent trop contraignantes, mais c’est probablement moins leur nature que les difficultés qu’elles peuvent entrainer pour les agriculteurs Français qui dérange, en témoigne l’importance accordée par 86% des Français à interdire à l’import les produits ne respectant pas ces mêmes normes.
L’agriculture biologique n’a pas nécessairement meilleure image que l’agriculture traditionnelle (respectivement 75% et 73%). De plus, le tournant vers la consommation de produits bio reste clivant et les Français favorisent plus l’achat local, de saison et direct producteur. A minima, l’entrée par le sans pesticide semble plus soutenue que le bio.
Les Français sont nombreux à déclarer des changements dans leur manière de s’alimenter ces dernières années. Notamment, 3 Français sur 4 consomme plus de saison, local, végétal, et fait maison. 1 Français sur 2 consomme également moins de viande voir de produits issus de la production animal, achète plus directement chez le producteur ou bio. La santé apparait motrice pour la plupart des évolutions. La motivation financière est aussi régulièrement mise en avant.
Tolérance et intérêt pour les régimes alimentaires comportant moins de viande, mais sans lien fort avec une motivation environnementale
- Les régimes alimentaires comportant moins de viande ou produits animaux sont en moyenne assez connus et ne font pas l’objet d’un rejet. 25% des Français déclarent eux-mêmes avoir déjà réduit leur apport en viande et 48% sont prêts à le faire. Néanmoins, la notoriété et la bonne opinion envers ces régimes sont plus fortes chez les urbains, les jeunes, les sympathisants de gauche et les personnes sensibles à l’environnement ou au bien-être animal.
- Le lien entre geste pour l’environnement et réduction de la consommation de viande est mitigé. 13% des Français l’évoquent comme raison principale pour avoir diminué sa propre consommation contre 26% pour des raisons économiques, 31% pour des raisons de santé et 20% par sensibilité envers le bien-être animal. Néanmoins sans avoir à hiérarchiser, environ 3 personnes sur 4 ayant diminué ou étant prête à diminuer leur consommation de viande sont d’accord pour dire que cela peut être bénéfique pour l’environnement. En revanche, parmi ceux qui ne comptent pas changer leur consommation de viande seulement 44% pensent que les autres le font pour réduire leur impact sur l’environnement.
Méthodologie
Echantillon de 2 001 personnes représentatif de l’ensemble de la population âgée de 18 ans et plus interrogé en ligne selon la méthode des quotas (sexe, âge, profession de l’individu) et stratification par région et catégorie d’agglomération. Le terrain a lieu lieu du 17 au 27 mai 2024.
2 réunions de groupe qualitatifs réalisés auprès de « Stabilisateurs » et de « Laissés pour compte » les 15 et 16 avril 2024 à Tours.
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