Quels niveaux d'usage de drogues en prison?
expertise
Grandes Enquêtes : des données probantes pour les politiques publiques
Enjeux
Verian a produit l’enquête ESSPRI (Enquête sur la santé et les substances en prison), qui a été élaborée par l’OFDT (Observatoire français des drogues et des tendances addictives).
Les usages de drogues en prison sont connus : tabac, médicaments détournés de leur usage, alcool (interdit en prison), cannabis, cocaïne, crack, etc.
Des études ont déjà été produites donnant des indications sur les niveaux de consommation de drogues en détention. Mais ces études n’ont fourni que des résultats parcellaires, soit restreints aux usages d’avant la détention ou limités géographiquement.
De plus, enquêter en prison représente des difficultés méthodologiques : il s’agit pour les enquêteurs de se conformer à un univers très organisé dont ils ignorent les codes.
Approche
Il s’agit d’une enquête de statistique publique estimant les chiffres des usages de drogues durant la détention, la première à être représentative au niveau national.
Elle permet d’estimer les prévalences d’usages de sept substances psychoactives chez les détenus : le tabac, l’alcool, le cannabis, la cocaïne, le crack, la MDMA (ou ecstasy) et l’héroïne.
Cette enquête est construite sur la base d’un échantillon aléatoire de 1094 détenus hommes incarcérés en France, dans 30 prisons sélectionnées aléatoirement.
L’enquête s’est déroulée du 24 avril 2023 au 29 juin 2023. Sur les 2 400 personnes tirées au sort, 1 094 questionnaires se sont avérés exploitables, soit un taux de réponse de 45,6 %.
des détenus fument quotidiennement
des détenus fument du cannabis quotidiennement
des détenus ont consommé de la cocaïne au moins une fois en prison
Résultats
Les premiers résultats viennent confirmer et surtout objectiver une réalité connue des acteurs de terrain, pouvoirs publics et chercheurs : la consommation de drogue en prison est élevée.
La prévalence de la consommation de tabac est 2,5 fois plus élevée que pour les hommes en extérieur : 63% des détenus fument quotidiennement.
La prévalence de la consommation de cannabis est 10 fois plus élevée qu’à l’extérieur : 26% des détenus fument du cannabis quotidiennement. Ce niveau élevé reflète une continuité d’usage préexistant à l’incarcération, et sont souvent liés à des motivations autothérapeutiques (pour pouvoir dormir, se calmer)
L’alcool est moins consommé, ce qui est lié à de plus grandes difficultés d’approvisionnement.
Les autres substances étudiées (cocaïne, crack, MDMA, héroïne) sont moins consommées, mais sont tout de même à des niveaux élevés. Par exemple, 13% des détenus ont consommé de la cocaïne au moins une fois en prison.
Impact
Cette enquête éclaire des enjeux de santé publique, et pourraient servir à réorienter les dispositifs d’accompagnement. D'autres résultats portant sur les conditions de détention restent à venir.
Le Monde Article - Drogue en prison : un détenu sur quatre fume quotidiennement du cannabis
A travers la mise en place de cette étude et les rencontres que nous avons faites, notamment en détention, nous avons été frappées par la réalité du système pénitentiaire.
Claire Darrigade
Cheffe de groupe, Verian
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